ÉQUATION NUTRITION N° 179 # Octobre 2017 -
Extraits choisis http://www.aprifel.com/La grossesse ne débute pas à la conception mais avant !
Une prise en charge
nutritionnelle préconceptionnelle est indispensable. Prenons l’exemple de
l’acide folique (vitamine B9), préconisé à la dose de 400 mg par jour au moins
un mois avant le début de la grossesse et jusqu’à 2 mois.
Dans une enquête périnatale de 2010, seules 10% des femmes avaient une
prise conforme à ces conseils. L’optimisation nutritionnelle se poursuit
jusqu’aux 2 ans de l’enfant, ce qui fait 1000 jours.
Les auteurs de cette revue
montrent que, grâce à une prise en charge diététique adaptée, une réduction
des complications obstétricales est toujours possible, de la conception à la
naissance, il n’est jamais trop tard !
En Iran, à Téhéran, l’équipe de S. Ziaei, a montré la possible réduction des
pertes fœtales précoces par un meilleur équilibre micro nutritionnel.
Un régime pauvre en micronutriments augmente le
risque d’avortement spontané
Il existe une association significative entre tous les micronutriments
et l’avortement spontané.
Il a été constaté que des problèmes durant la grossesse
résultaient, non seulement d’une déficience en protéines et
en macronutriments, mais également d’un apport inadapté en
micronutriments vitaux pendant la grossesse1-3.
De nombreuses
études ont montré qu’un niveau sous-optimal de vitamine B6
et des concentrations élevées d’homocystéine plasmatique
totale, représentent un marqueur d’un niveau insuffisant en
folates (vitamine B9) ou en vitamine B12, qui peut augmenter
le risque d’avortement spontané.
Nous avons aussi observé
une consommation plus faible de vitamine C, de fer et de
zinc chez les femmes ayant subi un avortement spontané. Ces
données sont conformes à d’autres études, qui ont démontré une
association entre un faible statut en micronutriments et des issues
défavorables de la grossesse.
En Australie, les femmes enceintes, même motivées, pensant manger
sainement, avaient un écart significatif par rapport aux recommandations.
La majorité des femmes (72 %) sont prêtes
et décidées à introduire des changements
dans leur alimentation, et sont en majorité
(65 %) très confiantes pour le faire.
.... mais que la réalité démontre le
contraire, avec une sous-consommation
de fruits, légumes, céréales et
pain /
- 93 % ne respectaient pas les
recommandations concernant les légumes
- 90 % ne respectaient pas les
recommandations concernant les fruits
- 52 % mangeaient trop de viande
- 30 % consommaient trop de produits
laitiers (même si 30 % consommaient la
quantité recommandée – soit le
pourcentage le plus élevé pour l’ensemble
des groupes d’aliments)
Leurs connaissances sur l’apport recommandé
des 5 principaux groupes d’aliments, y
compris les F&L, étaient limitées (55 %
ignoraient l’apport correct en F&L).
Enfin, en Norvège, en comparant 2 groupes de patientes, les unes avec une
prise en charge diététique active, les autres sans, il a été montré un meilleur
équilibre nutritionnel, conforme aux préconisations.L’intervention alimentaire était basée sur 10 recommandations
alimentaires (voir ci-dessous) .
Les 10 recommandations alimentaires de l’étude norvégienne
d’adaptation des apports alimentaires à l’accouchement: 1. Mangez des repas réguliers
2. Buvez de l’eau quand vous avez soif
3. Consommez des légumes chaque jour au dîner
4. Pour vos collations, choisissez des fruits et des légumes
5. Mangez des sucreries et des en-cas seulement lorsque vous
en avez vraiment envie
6. Choisissez des portions de petite taille pour les aliments
néfastes pour la santé
7. Limitez votre apport en sucres ajoutés
8. Limitez votre apport en sel
9. Ne mangez pas lorsque vous n’avez plus faim
10. Lisez les étiquettes nutritionnelles
Amélioration de plusieurs aspects du comportement alimentaire
Les femmes du groupe d’intervention
ont indiqué :
- une consommation d’eau plus élevée par rapport à la
consommation totale de boisson
- une consommation plus fréquente
de légumes pour le dîner
- un choix plus fréquent de fruits et légumes
pour les collations et l’achat plus fréquent de portions de taille
réduite d’aliments néfastes pour la santé
- Elles ont également davantage limité l’apport en sucres,
évité de manger quand elles n’avaient plus faim et indiqué avoir lu
les étiquettes alimentaires plus souvent que les femmes du groupe
témoin
- Associée à une augmentation de l’activité physique, elle a contribué
à une prise de poids réduite pendant la grossesse.
Quelles sont les recommandations ?Prise de poids durant la gestation :
• IMC < 18.5 : + 12.5 à 18 kg
• IMC 18.5-24.9 : + 11.5 à 16 kg
• IMC 25-29.9 : + 7 à 11.5 kg
• IMC ≥30 : + 5 à 9 kg.
Pour les femmes diabétiques, la prise de poids doit
être dans la limite inférieure.
Sucres : Privilégier les glucides de bonne
qualité nutritionnelle (à faible index glycémique)
naturellement présents dans les aliments comme les
c
éréales complètes, les Fruits et légumes, les haricots blancs,
les lentilles et les laitages allégés.
La prise de sucres
ajoutés doit être limitée (sucre, sucreries, boissons
sucrées: sodas, etc.)
Graisses : Une consommation de poissons gras cuits
est recommandée, mais sans excès, en raison de
la présence de mercure dans certains (thon blanc,
flétan, requin, espadon, maquereau roi...).
Des
études ont montré qu’une supplémentation en ω3
(DHA) pendant le dernier trimestre de grossesse
pourrait réduire les phénomènes allergiques chez
l’enfant.
Fer : Une carence avérée
doit être traitée pour éviter le risque hémorragique
(placenta prævia, avortement, trouble de la
coagulation...).
Folates : Folates et acide folique (vitamine B9) sont nécessaires
à la synthèse d’ADN et la division cellulaire.
Indispensables à la formation du tube neural qui
survient dans les 28 jours de la gestation, leur carence
est responsable de spina bifida voire d’anencéphalie
Iode : Les besoins en iode sont augmentés de 50% durant la
grossesse.
Le fœtus ne synthétise pas de TSH jusqu’à
la 10-12è semaine de grossesse et, durant la première
moitié, dépend des hormones thyroïdiennes de
sa mère, indispensables à son développement
neurologique.
Principales sources alimentaires
: sel iodé, produits de la mer, algues, laitages.
Vitamine D et calcium :
Un statut adéquat en vitamine D est nécessaire pour
faire face aux besoins du fœtus en calcium.
Des concentrations de 25-OH D > à 20 ng/
ml (50 nmol/l) garantissent une bonne santé osseuse.
Des recommandations de 1000 à 2000 mg/j pour la
population générale sont admises. Pour la grossesse,
un taux de 50 nmol/l semble suffisant.
Les femmes perdent de 3 à 5% de masse osseuse
durant l’allaitement mais les regagnent dans les
6 mois. Devant une alimentation pauvre en calcium,
une supplémentation calcique de 1 à 2 g/j réduit le
risque de pré éclampsie et d’HTA gravidique.
Les femmes enceintes sont encouragées à adopter
une alimentation riche en F&L, en glucides de bonne
qualité nutritionnelle, associée à un bon équilibre
en protéines (végétales et animales), tout en évitant
sucres ajoutés, viande rouge et viandes transformées.
Une prescription simple qui reprend en définitive les
bases du régime méditerranéen.